Fleuri

Inventeriez-vous une histoire?

Paris - 2006

Comments

[Hepao]

Peut-être simplement qu'elle sonne et résonne juste pour toi comme pour moi.

(Et ça me rend infiniment heureuse ce partage!)

[Gan]

"Tous les soirs je dépose en rentrant mes fiancées veuves et fanées dans leur linceul de plastique noir, leurs têtes émergent encore de tout mon désespoir."

Mon dieu, que j'adore cette phrase. Je pourrais la contempler des heures entières.

[Hepao]

Elle ressemble un peu à ma photo-bandeau de Montréal, la tienne.

Tous les matins j'achète en chemin un gros bouquet de roses. Je les choisis immaculées, fraîches, candides. Je me promène dans la ville mes filles serrées contre mon coeur, si je prête l'oreille j'entends des murmures, battements sourds qui répondent au claquement froissé des langues des fleurs. Tout le jour je vais par les rues les yeux grand ouverts, j'ai entre mes bras des promesses à cueillir. Je guette un sourire, je sème des regards. Des bras s'arrondissent parfois, une courbe chaude où lover mes échos tout juste éclos. Se referment et chassent d'un courant d'air mon ombre de passant.
Tous les soirs je dépose en rentrant mes fiancées veuves et fanées dans leur linceul de plastique noir, leurs têtes émergent encore de tout mon désespoir.

[Gan]

Merci pour vos trois univers, aussi variés qu'une photo.
Ce soir il y a la tempête, et je suis tiraillé à toutes les heures de ma vie par mes personnages d'une journée. Sur mes photos les gens sourient encore, faiblement, mais se fânent peu à peu. La poubelle change de pied, et derrière l'appareil choisit un autre instant pour capturer leurs visages. Elle ne veut pas se vider sur les passants.

[Kate]

NELL- Rien n'est plus drôle que le malheur, je te l'accorde, mais -
NAGG- Oh !
NELL- Si si, c'est la chose la plus comique au monde. Et nous en rions, nous en rions, de bon cœur, les premiers temps. Mais c'est toujours la même chose. Oui, c'est comme la bonne histoire qu'on nous raconte trop souvent, nous la trouvons toujours bonne, mais nous n'en rions plus.

(Fin de partie, Samuel Beckett)