Dans un dédale de couloirs et d'étages
Elle n'a plus de cheveux et elle aime parler. Dès qu'on est sortis de sa chambre aux urgences on a parlé de son mari, du temps que ça fait qu'ils sont ensemble, de leur rencontre. Le chemin n'est pas trop court, on continue la discussion parmi les couloirs. Ma famille, mon mi-pays. Elle n'avait pas tellement le temps de voyager quand elle travaillait, mais ça ne la gêne pas. Et puis il faut attendre que la porte de l'examen s'ouvre, ça nous laisse encore un peu de temps. Elle rentre. Je pars.
Je reviens la raccompagner. Il faut attendre les résultats. Tant mieux. On parle de tout, comme s'il fallait se presser de voyager, de rêver ensemble. Sa maladie. Les enfants. Elle n'aime pas que ça arrive à des enfants. Pour elle c'est plus normal. Je commente de loin et puis je me confie, et elle me dévisage. Ça y est, on se connaît. Vous faites quoi dans la vie? Etudiant en médecine. Ah oui...d'accord.
Même chemin en sens inverse, je l'installe dans sa chambre où attendait son mari.
Tiens il est là! Bonjour chéri!
Je
remets tout en place, et puis au moment de lui dire au revoir elle me
tend la main tendrement. Au revoir Laurent, merci. Ses yeux derrière
ses grosses lunettes. Instinctivement je prends sa main entre mes deux
mains, lui rends son sourire, et les laisse dans leur paisible
préoccupation, ce calme si singulier.