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Tout est provisoire
1 décembre 2006

Il ne faut pas qu'aimer

A la fac Martin Winckler vient faire une conférence sur la contraception. Il parle de la sexualité de façon tellement heureuse et éclairée. Bien que n’abordant presque exclusivement que ses dangers, ses lunettes rondes et sa voix de confidence nous rassure dès le début : «  Baisez mes enfants, baisez ! ».

 Durant les deux heures de discussion qui ont suivi je me suis rendu compte de ce que la profession médicale a de particulier. Elle doit réaliser l’alliage de l’art profondément scientifique qui la compose à une compréhension de l’humain que nous nous tenons d’apprendre rapidement. Si bien dans la quasi-totalité des professions il existe cette confrontation aux relations humaines, leur maniement est fondamental en médecine.

Il nous a raconté plus d’histoires de patients que d’habitude, plus d’humain. Et curieusement, le fait de calmer un peu le scientifique a marqué l’importance de cette dernière part de la médecine: il faut aussi honorer cette science qui nous assomme, une masse qui étouffe, toutes ces heures et tous ces volumes, parce que c’est ça, la médecine, et pas seulement l’éthique, le don de soi et être gentil avec le patient.

Mais dans quoi me suis-je engagé ? L’éducation scientifique est critique et l’information est partout incomplète. A toutes ces heures indigestes il faut en ajouter d’autres pour lire leur contraire. Un étudiant vient me voir en prenant comme Martin Winckler un air révolté, mais auquel il ajoute de l’héroïsme. On ne nous enseigne pas à chercher dans d’autres sources, c’est une grosse lacune, me dit-il, puisque de nombreux journaux pour cliniciens sont abordables et pourraient nous aider à tempérer nos cours. Lui connaît beaucoup de journaux que l’on pourrait prendre. D’ailleurs, il a lu l’autre jour un papier sur un dysfonctionnement thyroïdien et il s’est dit que ça lui permettait de réviser.

Mon autre leçon a été celle-là : même dans une assemblée qui nous emplit de bonheur par le don que l’on est prêts à réaliser, la tranquillité sera troublée par ceux qui veulent s’approprier les idées et l’amour que l’on partage. La médecine nous rabaisse terriblement : intellectuellement parce que l’on n’est plus le premier de la classe, et humanitairement parce que l’on est pas le seul à aimer les gens. Et je crois que ça, c’est indispensable de l’accepter. Il faut accepter l’idée de mourir, sinon on meurt.

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Commentaires
G
Merci de "m'optimister". Dernièrement, sans être à moitié vide cependant, je n'ai pas le temps de boire mon verre. Mais ça revient. A nouveau quelques photos, et même quelques mots.
L
Et il faut accepter l'idée de vivre, sinon on ne vit pas. Bien à vous.
Tout est provisoire
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